Il y a déjà plus de six ans, Iello surprenait la scène ludique avec un jeu de placement et de conquête au thème pour le moins original : Bunny Kingdom. Dans celui-ci, les joueurs allaient incarner des armées de lapins prêtes à envahir le monde pour y glaner des carottes d’or ! L’arrivée de sa mini-extension Bunny Express nous donne l’occasion de vous parler d’un jeu aussi choupi que stratégique…
De la plus haute tour de votre cité, tout en mâchonnant distraitement une carotte bien juteuse, vous contemplez le fief qui s’étend à vos pieds. En contre-bas, des lapi-dockers déchargent des cargaisons de poissons sur les quais et à l’orée de la forêt qui borde le versant ouest de votre fief, vous pouvez apercevoir les lapi-bucherons couper du bois. Certains d’entre eux transportent même des paniers remplis de champignons.
Vu d’ici, votre fief semble prospère mais vous le savez, cela ne suffira pas à satisfaire le Roi Lapinot. Pour gagner encore en puissance, il vous faudrait vous étendre et prendre le contrôle de la plaine située au nord mais voilà qui est beaucoup plus facile à dire qu’à faire. Surtout que vous n’ignorez pas que votre grand rival, le Seigneur Bugs, a lui-aussi des vues sur ce territoire…

Mon royaume pour des carottes…
Oui, mais pour des carottes d’or ! Car c’est bien de ça qu’il s’agit ici : gagner un maximum de carottes d’or ! Comment ? Mais en disposant de puissants fiefs pardi, c’est-à-dire de vastes territoires dotés de nombreuses cités mais aussi capables de produire toutes sortes de ressources différentes.
Mais n’allons pas trop vite, avant d’en arriver là, il va falloir vous retrousser les oreilles. Chaque partie de Bunny Kingdom débute en effet sur un plateau de 100 cases parfaitement neutres et au début de chaque manche, les joueurs vont recevoir dix cartes qui vont les aider à s’y établir. A chaque tour, les joueurs vont choisir deux cartes de leur main qu’ils souhaitent jouer et vont passer le reste de leur paquet à leur voisin. Parmi ces cartes, la plupart vous donneront des coordonnées pour revendiquer un territoire tandis que d’autres vous permettront d’y bâtir des exploitations ou des cités. A la fin de chaque manche, on calcule le score des joueurs pour chacun de leurs fiefs en y multipliant la puissance des cités par le nombre de ressources différentes qui y sont produites. Simple et efficace…

Les fourberies de ce lapin !
Simple et efficace mais aussi stratégique ! Il faut dire que sous ses dehors très choupi-choupi de joyeux lapins colonisant le monde, Bunny Kingdom cache un jeu où on se surveille âprement et où on n’hésite pas à mettre quelques carottes dans les roues de ses adversaires. En effet, tout le sel du jeu réside dans la phase de draft. Il faut à la fois jouer les cartes nécessaires au bon développement de ses propres fiefs mais il faut aussi (et peut-être surtout) veiller à ne pas offrir à un adversaire l’opportunité de jouer une carte dont il rêve secrètement depuis des lustres.
Cela dit, les joueurs ne pourront pas tout baser sur la stratégie de placement (ou sur celle de pourrissement du jeu des adversaires) car parmi toutes les cartes du jeu se cachent aussi des cartes Trésor et Mission (comprenez objectif secret) capables de tout faire basculer en fin de partie…

Tous à bord du Bunny Express
La mini-extension Bunny Express voit l’arrivée d’un cheval de fer dans le nouveau Monde. En plus des constructions habituelles, les joueurs pourront désormais jouer des cartes qui leur permettront de prolonger la voie ferrée depuis la gare centrale vers leurs différents fiefs. Le but : toujours maximiser sa récolte de carottes d’or (ou à défaut minimiser celle d’autrui). Le concept de shérif, lui-aussi introduit par cette mini-extension, va dans le même sens puisque celui-ci sera encouragé (par la bonne vieille méthode de la carotte plutôt que par celle du bâton) à construire un maximum de nouvelles voies ferrées.
Très clairement, Bunny Express ne révolutionne pas le jeu de base. Néanmoins, l’extension a le mérite de lui apporter un peu de diversité et de proposer aux joueurs de nouveaux moyens de scorer des points. Il serait donc dommage de s’en priver surtout qu’elle est proposée à un prix défiant toute concurrence.


En conclusion
Bunny Kingdom est un jeu original qui prend place dans un univers chatoyant. Les illustrations y sont magnifiques et elles donnent tout de suite envie de s’y plonger. Au niveau des mécaniques, celles-ci sont à la fois simples à assimiler mais en même temps suffisamment bien pensées pour que les joueurs disposent d’une belle liberté tactique. Bref, une belle découverte !
Bunny Kingdom, un jeu de Richard Garfield, illustré par Paul Mafayon et édité par Iello.
Nombre de joueurs : 2 à 4
Âge : dès 12 ans
Durée moyenne d’une partie : 45 minutes
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