Reporté de quelques semaines à cause du confinement, le prochain Thilliez, Il était deux fois, sera disponible le 4 juin chez les libraires (qui ont bien besoin de vous après ces deux mois très compliqués). Franck Thilliez a accepté de répondre à nos questions avant la sortie de ce nouveau roman très attendu !
Matthieu Palmieri, Conso-Mag.com : En quelques lignes, pour nous faire saliver, dans quelle nouvelle aventure tortueuse et passionnante allez-vous nous embarquer à travers la lecture de « Il était deux fois » ?
Franck Thilliez : Imaginez une petite ville encastrée dans une vallée où l’absence permanente de soleil peut taper sur le système. Nous sommes en 2008, une fille de 17 ans disparaît dans la forêt. Son père, Gabriel Moscato, gendarme, se lance à sa recherche. Quinze jours après la disparition, il parcourt les hôtels et auberges du coin, pour relever les noms des clients dans les registres. Il tombe de fatigue et s’endort dans l’une des chambres de l’hôtel de la Falaise. Il se réveille le lendemain, pense-t-il, et apprend que nous sommes en 2020. Ça fait 12 ans que sa fille a disparu, on ne l’a jamais retrouvée…
Débute alors une longue descente aux enfers pour Gabriel.
MP : Vous construisez souvent vos récits autour de thématiques scientifiques. Sans trop en dévoiler, quel est le sujet qui vous a motivé à écrire « Il était deux fois » ? Comment l’avez-vous trouvé ?
FT : Je suis passionné des sujets liés à la mémoire, et c’est encore dans ce domaine que j’ai trouvé mon bonheur. C’est en fouinant, mais aussi avec un peu de chance finalement, que j’ai découvert qu’il existait une amnésie très particulière, appelée amnésie psychogène atypique. Des cas très rares existent à travers le monde. Les personnes frappées par cette amnésie oublient tout un pan de leur vie, sans le savoir. Ils pensent avoir 25 ans, ils en ont 40. Il n’y a pas de cause médicale, le phénomène est purement psychologique, lié à un traumatisme… J’ai trouvé que c’était un terreau formidable pour construire un personnage très original… Le début du roman ressemble à de la science fiction, et pourtant, il est on ne peut plus réaliste.
MP : Je me trompe peut-être mais le titre « Il était deux fois » me fait penser à un thème que l’on retrouve souvent dans votre bibliographie, notamment dans « Le Manuscrit inachevé » : la gémellité et les palindromes. Comment est né votre intérêt pour ce sujet ?
FT: J’aime beaucoup ce titre, « Il était deux fois », parce qu’il y a une référence évidence aux contes (« Il était une fois… »), mais aussi parce qu’un mystère s’en dégage. Il y a la notion de répétition, de seconde chance, de renouveau. Mais que signifie exactement cet étrange titre, finalement ? Et bien, il faut lire le livre pour le savoir ! La gémellité, le double, les palindromes, sont pour moi des moyens de jouer avec mes lecteurs, de les confronter à des énigmes qui vont au-delà de la simple succession de mots constituant un récit. Il y a l’histoire que je raconte, celle que vivent mes personnages, puis il y a un tas d’éléments cachés, un peu comme des portes secrètes, qui apportent une dimension supplémentaire à la lecture lorsqu’on réussit à les ouvrir. J’aime qu’une fois mon livre refermé, les lecteurs continuent à y penser. D’ailleurs, je le vois bien sur les réseaux sociaux, mes histoires suscitent pas mal de conversations, parce que la perception de l’un n’est pas forcément celle d’un autre. C’est exactement ce que je recherche.
MP : Entre « Pandémia » qui résonne étrangement avec la situation actuelle et une pluie d’oiseaux morts dans « Il était deux fois », phénomène que l’on a pu observer récemment dans l’actualité également, vous semblez de plus en plus visionnaire. Dites-nous la vérité, est-ce que, comme Stéphane Kismet dans l’Anneau de Moebius, vous avez la capacité de voir dans le futur ?
FT : Je ne sais pas si voir dans le futur serait une malédiction ou un réel pouvoir, en tout cas, à titre personnel, je n’aimerais pas posséder cette faculté, j’aurais trop peur de voir ce qui m’attend. Plus sérieusement, c’est le propre du polar d’essayer de coller au mieux à l’actualité, voire de l’anticiper légèrement. La pandémie que nous vivons n’est pas de l’ordre de la science-fiction, c’est un phénomène évolutif qui a déjà frappé par le passé, et qui frappera encore dans le futur. Écrire un roman dans lequel se produit une pandémie n’est donc pas, finalement, une « prédiction », c’est le choix de faire se dérouler un événement possible, plausible dans le monde d’aujourd’hui, d’en comprendre les causes et d’en observer les conséquences sanitaires, sociales, économiques… En définitive, le polar, c’est une photographie assez réaliste du monde dans lequel nous vivons. On range ensuite ces photographies dans les armoires de l’Histoire et on les ressort de temps en temps, pour savoir comment était le monde, à tel endroit et à tel moment…