Informations et résumé
Auteur | YAN Lianke |
Traduction | Pierre-Mong LIM |
Nombre de pages | 592 |
Date de parution | 07/03/2025 |
Editeur | Editions Picquier |
Prix | 24€ |
Aussi dur que l’eau est un roman d’amour fou, pour la révolution et pour une femme.
Nous sommes dans les années 1960 et Gao Tsé-toung veut porter le feu de la grande révolution qui embrase la Chine dans son minuscule village au pied des monts Balou, et conquérir Rouge Mei dont les orteils vernis d’écarlate font épanouir une indescriptible fleur dans son cœur.
Dans ce roman éblouissant de démesure et de péripéties rocambolesques, se mélangent inextricablement le grandiose idéal rouge et l’ambition la plus médiocre, la sincérité et la duplicité, magnifiées par l’amour incandescent des deux amants. On y retrouve tous les codes de l’épopée, l’exagération des faits, la lutte héroïque, le dévouement sans faille à son idéal, la redondance des formules, ici celles des slogans, des chants révolutionnaires et des citations du président Mao qui s’insinuent à tout bout de champ dans le récit ; mais tout est renversé sur un mode extravagant et comique qui évoque irrésistiblement le Don Quichotte de Cervantes, au service d’une satire politique et d’une romance révolutionnaire d’une énergie et d’une drôlerie flamboyantes.
Ce que j’en pense
Aussi dur que l’eau raconte l’histoire de Gao Tsé-Toung, un jeune homme chinois qui quitte l’armée révolutionnaire pour rentrer dans son petit village, la Colline des Cheng. En rentrant, il va faire une rencontre qui va changer sa vie, la belle Rouge Mei. Révolutionnaires et maoïstes convaincus, le duo va tenter de mener la révolution culturelle dans ce village où les traditions et le respect de l’histoire ancienne sont encore bien (trop) présents ! Ca tombe bien, les préceptes de la révolution culturelle de Mao incitent les jeunes à faire tomber les vieux pontes du Parti Communiste ! Tout en endoctrinant la masse en répétant les formules de Mao, ce qui est très bien amené dans le roman avec ces petites phrases qui parsèment de manière très régulière les dialogues et qui donnent l’impression que Mao est présent partout.
Débute alors l’épopée du couple pour essayer de renverser les hommes en place et monter dans la hiérarchie du Parti local ! Bien évidemment, cette révolution ne se fera pas de manière linéaire et connaitra même quelques défaites assez humiliantes ! Notamment, le premier coup d’éclat qui sera empêché par les vieux du village qui se contentent de gronder le petit groupe de révolutionnaire ! On va ainsi suivre de manière souvent drôle les idées de Gao Tsé-Toung et de Rouge Mei jusqu’à une conclusion à la fois dramatique et pathétique, mais toujours dans le dévouement le plus complet et aveugle à Mao.
Cette épopée permet également au duo de héros d’évoluer sentimentalement. Les deux étant initialement déjà mariés et avec des enfants, leur relation n’est pas spécialement dans la norme attendue par la révolution ! Ce n’est pas ce qui va les empêcher de consommer leur passion au travers de multiples et longues séquences … Même si ces dernières sont parfois amusantes, leur nombre casse trop souvent l’évolution du récit et n’ont généralement pas un grand intérêt à la lecture.
Aussi dur que l’eau est un livre sur la révolution culturelle chinoise, que j’ai à moitié apprécié. J’ai trouvé que les phases de romance prenaient beaucoup trop de place et n’étaient pas vraiment intéressantes alors que tout le reste du récit m’a plutôt bien accroché. J’en garde néanmoins le bon côté, avec ce rappel d’histoire et cette satire de la révolution Maoïste enrobée dans une épopée plutôt drôle et dynamique ! J’aurais néanmoins du mal à en recommander la lecture.