Critique basée sur un visionnage en VOST.
Dante, le légendaire chasseur de démons de Capcom est de retour… sur nos petits écrans. Annoncée depuis 2017, cette série d’animation signée Adi Shankar (les séries d’animation Castlevania) et animée au Studio Mir (les films d’animation sur Le Sorcelleur) avait bien des preuves à faire. Alors, le pari est-il réussi ? Préparez vos pizzas et votre Sundae Fraise, l’agence Devil May Cry rouvre ses portes !
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Si les jeux vidéo du développeur-distributeur Capcom semblent reprendre du poil de la bête depuis une dizaine d’années, la société nippone ne semble pas abandonner ses mauvais travers lorsqu’il s’agit d’adapter ses franchises sur grand ou petit écran. Street Fighter, Resident Evil, Mega Man et même Devil May Cry (2007), du film en prise de vue réelle à la série d’animation, quasiment toutes les franchises iconiques de la société sont passées à la casserole de mauvaises adaptations, si bien qu’il est difficile de citer les «bonnes» adaptations, le film live-action Ace Attorney de Takashi Miike étant souvent cité comme faisant partie de cette rare catégorie.
Quand Capcom a donc refourgué quelques unes de ses licences à Netflix, il ne fallait pas s’attendre à mieux. Resident Evil a été sacrifié deux nouvelles fois sur l’autel de la honte avec un film d’animation remonté en mini-série (Infinite Darkness) et une série live-action (sobrement intitulée Resident Evil) qui est aux jeux vidéo ce que le film Priest est à la BD originale. Côté animation, ce n’était pas mieux avec Dragon’s Dogma et Onimusha ainsi qu’un film Monster Hunter (pas celui de Paul W.S. Anderson, donc) visionné par autant de spectateurs que Kraven le Chasseur.
Mais voilà, en 2017, la série d’animation Castlevania, adaptée de la série de jeux vidéo du même nom de Konami, débarque sur la plateforme de streaming rouge flamboyante et devient un succès immédiat avec une saison 2 annoncée le jour même de la mise en ligne des premiers épisodes. Parmi les têtes pensantes de ce projet se trouve un certain Adi Shankar, le producteur et showrunner de la série. S’il était relativement inconnu à l’époque, c’est son court-métrage POWER/RANGERS, dérive sombre et trash de la série originale Mighty Morphin’ Power Rangers qui lui a donné ses lettres de noblesse. Et grâce au succès de Castlevania, Mr. Shankar trouve en Netflix un sanctuaire pour pouvoir s’y défouler. Peu après la diffusion de la première saison de Castlevania, le producteur indien confie qu’il a acheté les droits de Devil May Cry et qu’une série d’animation était en préparation. Mais son ambition va au-delà de la simple adaptation. Lors d’une vidéo irréelle avec IGN, il confie alors un projet incroyable:
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POV: Adi Shankar convaincant Capcom de le laisser adapter Devil May Cry (histoire vraie).
«Vous adorez Vergil et Thanos ? […] Laissez-moi vous dire un truc: Devil May Cry va rejoindre Castlevania dans ce que nous appelons le Bootleg Multiverse.»
Ce Bootleg Universe/Multiverse (soit « Univers de contrefaçon ») ne date pas d’hier puisqu’il existe sous la forme des divers parodies qu’Adi Shankar a publié sur sa chaîne YouTube, comme la parodie de Power Rangers mentionnée plus tôt. Après tout, pourquoi pas ? Le premier Devil May Cry était largement inspiré de Castlevania et les deux franchises se sont mutuellement influencées depuis. Maintenant, reste à voir comment notre edgelord préféré parviendra à cet exploit et surtout si Capcom et Konami accepteront un pari aussi risqué. Six ans après cette annonce, nous voici donc face à un nouveau monument du Bootleg Universe et un pas de plus vers un crossover de rêve (ou de cauchemar).
Une guerre éclata, il y a 2000 de cela, entre la Terre et l’Enfer. Mais un démon s’éveilla à la justice et fit face a la légion des Enfers, seul. Son nom était Sparda. Après la guerre, il régna sur le monde des hommes et la paix perdura jusqu’à sa mort. Il entra dans la légende en tant que «Sparda, le légendaire chevalier noir.»
Nous sommes au début des années 2000, la cité du Vatican est attaquée par un homme avec une tête de lapin blanc, qui dérobe Force Edge, l’épée de Sparda. Le Lapin Blanc somme le gouvernement américain de trouver un chasseur capable de l’empêcher d’ouvrir un portail vers l’Enfer et c’est au groupe de mercenaires Darkcom, créé par le vice-président Baines, que revient cette tâche. De son côté, Dante, chasseur de démons et fils de Sparda, est loin de se douter qu’il est l’objet de toutes les convoitises.
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Tout comme Castlevania nous n’avons donc pas droit à une adaptation directe d’un jeu en particulier, même si l’intrigue puise largement dans Devil May Cry 3: L’éveil de Dante, soft-reboot et préquelle de la franchise. On trouvera des têtes connues comme Dante et Mary/Lady, des têtes plus obscures comme comme Enzo, l’ancien informateur de Dante dans les jeux ou le Lapin Blanc du manga DMC3 ainsi que de nouvelles têtes comme Baines et sa Darkcom. On retrouvera aussi des démons repris d’à peu près tous les jeux comme Plasma de DMC1, les frères Agni et Rudra de DMC3 ou encore Cavaliere Angelo du plus récent DMC5. Tout ce beau monde navigue la plupart du temps dans une animation 2D qui me rend assez perplexe.
C’est simple, la série ressemble à ces affreux films d’animation DC Comics qui sortent en direct to video. Tout est plat, sans réelle prise de risque avec des character designs souvent creux. Je n’arrive pas à savoir ce qui est pire entre cet espèce d’amalgame de tous les designs de Dante qui tire une rape face pendant l’intégralité de cette série ou les mercenaires de la Darkcom en dehors de Mary qui semblent être sorti d’obscurs mauvais comics américains des années 90 ? Bien sûr, impossible de passer à côté des acolytes du Lapin Blanc, présentés dans une 3D immonde qui nous rappelle les heures sombres de la série animée BERSERK de 2016.
![Capture-decran-2881-1024x576 [Série] Devil May Cry sur Netflix, ça vaut quoi ?](https://i0.wp.com/www.conso-mag.com/wp-content/uploads/2025/04/Capture-decran-2881.png?resize=1024%2C576&ssl=1)
Et quand vient le climax du troisième épisode, une course-poursuite à moto toute en 3D sur fond de «Last Resort» de Papa Roach, on plie les bagages et on ferme les yeux devant tant d’horreur. En dehors des séquences en 3D, la réalisation demeure donc correcte sans jamais tomber dans l’abysse des plans en rallonge de la série animée de 2007. Reste alors Le Premier Cercle, le sixième épisode de la série, quasi-entièrement muet avec une identité bien à lui qui mérite à lui-seul le visionnage de cette série.
Comme un peu tout dans cette série, la bande-son divisera. Outre la bande originale passe-partout, Capcom, dans son infinie bonté, a autorisé Netflix à faire des arrangements de quelques chansons des jeux, notamment «Devils Never Cry», le thème principal de DMC3 utilisé ici pour le générique de fin des épisodes. Mais penchons-nous aussi de ce qui a fait parlé de cette série avant sa diffusion: le choix des chansons préexistantes.
![Capture-decran-2882-1024x576 [Série] Devil May Cry sur Netflix, ça vaut quoi ?](https://i0.wp.com/www.conso-mag.com/wp-content/uploads/2025/04/Capture-decran-2882.png?resize=1024%2C576&ssl=1)
Adi Shankar, dans son désir de vouloir absolument ancrer sa série au début des années 2000 a sélectionné une playlist qui, en elle-même, est plutôt bonne mais qui dans son usage, nous renverrai presque au film Suicide Squad de David Ayer tellement elles sont in your face. Je mentionnai «Last Resort» mais il y a aussi «Rollin’» de Limp Bizkit utilisé lors du générique d’ouverture, «Guerilla Radio» de Rise Against the Machine jouant lors de la première rencontre entre Dante et la Darkcom et une dernière chanson dont je tairai le nom et vous laisserai découvrir en regardant la série. À noter d’ailleurs que le groupe Evanescence (« Bring Me to Life ») a signé une chanson faite spécifiquement pour la série, Afterlife, utilisée à un moment vers la fin de la série.
Côté casting vocal, ça se débrouille aussi plutôt bien. Johnny Yong Bosch, interprète motion capture et vocal de Nero dans les jeux, joue enfin Dante (il avait auditionné pour le rôle, il y a 20 ans, pour DMC3) même si son interprétation reste trop proche de celle de Nero. Scout Taylor-Compton (Lauri Strodd dans le remake d’Halloween de Rob Zombie) qui interprète Mary/Lady reste dans le ton de ses honorable prédécétrices/prédécésseuses et le regretté Kevin Conroy, éternel Batman depuis la série animée de ‘92, arrive à interpréter en Baines un personnage calculateur et profondément fanatique, persuadé que ses actions sont pour le bien de l’humanité. Bien entendu, impossible de parler du casting sans Hoon Lee, interprétant le Lapin Blanc, tantôt machiavélique, tantôt sympathique, avec brio.
Cette nouvelle série Devil May Cry divisera, comme quasiment toutes les productions Adi Shankar mais semble jouir d’un fort succès si l’on en croit le Top 5 de Netflix. Pas de saison 2 annoncée pour le moment mais on se doute bien que cela ne devrait tarder à arriver. Au moins, on peut tous se mettre d’accord sur le fait que cela reste une des meilleures adaptation de jeu Capcom et une belle amélioration comparée à la précédente adaptation animée de 2007.
Devil May Cry (2025) est disponible depuis le 3 Avril 2025 sur Netflix.