Dans l’industrie du jeu vidéo, certains studios bénéficient d’une aura particulière, bien souvent après avoir sorti un titre qui a fait date et a su marquer ceux qui s’y sont essayés. Parmi eux, on retrouve à n’en pas douter Don’t Nod, qui fait partie des ces firmes qui m’ont fait rêvé par le passé. La sortie de Life is Strange en 2015 fut en effet extrêmement marquante, et le jeu reste encore aujourd’hui ancré en moi – tout comme la bande originale du jeu reste ancrée dans mes favoris sur Spotify !
Don’t Nod, c’est aussi Tell me Why que j’ai beaucoup apprécié et dont je vous parlais il y a quelques temps sur le site, ou encore Jusant, un jeu d’escalade onirique que Max vous a présenté sur Gamespresso tout récemment. C’est aussi Banishers, sorti l’an dernier, que je n’ai pas eu l’occasion d’essayer mais qui semble globalement très intéressant.
Du côté de chez Swann
Allez, petite expérience multi-sensorielle aujourd’hui. Avant de commencer à lire, je vous invite à cliquer sur ce lien pour écouter l’un des titres phares de l’OST de Lost Records, Dreamers, et vous laisser porter.
Ce début d’année marque le retour sur le devant de la scène du studio, avec la sortie de Lost Records : Bloom & Rage. Le titre est proposé dans un format particulier, puisque la première partie Tape 1 – Bloom est proposée ce 18 février, tandis que la seconde, Tape 2 – Rage, sera quant à elle disponible le 15 avril. Comme souvent du côté de Don’t Nod, le jeu est une aventure narrative, nous proposant de suivre sur deux époques différentes, 1995 et 2022, un groupe de quatre amies dont le destin a basculé au cours d’un été.
On y incarne Swann, une jeune adolescente plutôt timide, rondelette et mal dans sa peau, dont la passion est le cinéma. Son père lui a offert pour ses 16 ans un caméscope, qui va représenter l’aspect central de ce qu’est Lost Records. En effet, durant toute l’aventure, on va pouvoir être amenés à arpenter les différents décors, à dégainer notre caméscope pour filmer tout et n’importe quoi. Si certaines scènes seront obligatoires à filmer, d’autres sont complètement facultatives et vont simplement nous permettre de remplir différentes « collections » que Swann va utiliser pour réaliser ses mémoires. Très concrètement, l’une des premières scènes du jeu se déroule dans la chambre de l’adolescente. On peut alors y filmer le bureau, puis le lit, puis un terrarium ou encore des étagères remplies de livres. Lorsque la collection est « complète », un petit film se génère, agrémenté d’une voix off signée Swann, dans un effet VHS absolument délicieux. Il est alors possible de réarranger les morceaux de vidéos pour pouvoir sortir le film le plus proche de ce que l’on veut montrer. Moi qui ne suis pas un grand fan de collectibles dans les jeux, cette façon de fouiller les environnements à la recherche de l’image qui va nous permettre de réaliser un joli court métrage m’a beaucoup plu, et je me suis totalement pris au jeu.
Retour vers le futur
Le jeu nous prend alors par la main pour nous faire découvrir un teen movie on ne peut plus classique dans ses idées, mais qui fonctionne très bien : quatre adolescentes un peu paumées (adolescentes et paumées, qui l’eût cru ?) vont nouer des liens d’amitié extrêmement forts au cours d’un été mémorable, que nous allons découvrir progressivement. Swann, Autumn, Nora et Kat, quatre jeunes filles que tout semble opposer de prime abord mais qui se retrouve liées un peu par hasard, un jour d’été, avant de ne plus jamais se séparer. Pour moi qui ait vécu l’adolescence plus ou moins à la même époque, c’est assez agréable de replonger dans cette époque, d’y retrouver des thèmes classiques mais forts (l’amitié, l’amour, la recherche de confiance en soi, l’unicité des goûts et des opinions, j’en passe et des meilleurs), le tout sur fond de 90’s bien cliché, à base d’objets, jouets et d’ambiance générale bien travaillée.
Du point de vue de l’ambiance, les développeurs de Don’t Nod ont une nouvelle fois réalisé un très, très beau travail et nous livre une aventure dans laquelle on prend un plaisir énorme à se perdre. On est indéniablement transportés dans l’époque de par les éléments placés en jeu, mais également par la réalisation générale du titre, tout simplement géniale. Visuellement, le titre est extrêmement propre et propose une patte graphique qui lui est toute personnelle. Les couleurs, les éclairages et jeux de lumière de Velvet Cove, la bourgade dans lequel se passe l’aventure, sont absolument magnifiqes et semblent tout droit sortis d’un film indépendant de Sundance. C’est sublimé par la splendide bande-son du jeu (vous êtes toujours en train d’écouter, j’espère ?), signée Ruth Radelet, Milk & Bone et Nora Kelly Band, qui a atterri depuis dans toutes mes playlists et passe en boucle à la maison.
Lost Records, c’est tout cette ambiance qui m’a transporté, qui m’a fait avancer dans le jeu, même quand j’avais envie de traîner un peu des pieds. Car si j’ai été charmé dès les premiers instants par la proposition de Don’t Nod, j’ai ensuite trouvé que le titre mettait du temps à réellement démarrer, à proposer quelque chose d’un peu plus dense qu’une simple histoire d’amitié « banale » entre quatre copines, certes très bien travaillée, hyper intéressante à suivre, mais qui semble être un prétexte, entre autres, à une aventure un peu plus vaste. Lost Records : Bloom & Rage nous fait en effet voyager entre le passé et le présent, où l’on comprend que les filles se sont séparées après un événement mystérieux s’étant passé cet été là, et une promesse tout aussi mystérieuse qu’elles se sont faites. Qu’est-ce qui a bien pu se passer à Velvet Cove cet été-là ? Pourquoi décident-t-elles de se revoir aujourd’hui, plus de vingt ans après ? Autant de questions qui nous maintiennent en haleine mais pour lesquelles on nous met trop peu d’indices sur le chemin par moments. Jusqu’à une accélération dans le dernier quart de cette première partie, qui dure 6-7 heures en tout, et un vrai cliffhanger de fin, qui nous donne déjà envie de découvrir la Tape 2 – Rage, qui sera disponible le 15 avril prochain.
J’ai hâte. Heureusement, je peux continuer à saigner la soundtrack, en attendant.
article paru chez Jauny en premier, la meilleure crèmerie que l’internet ait porté (oui oui)