Il n’y a pas si longtemps, nous étions encore un simple Margrave au sein du Royaume de Valeria mais récemment, le Roi (ou plus exactement l’éditeur Lucky Duck Games) nous a anobli pour faire de nous un Duc ! Et un Duché, c’est bien mais ne le cachons pas, un Royaume, c’est mieux !
Le Roi est mort ! Enfin presque. Oui, seulement presque. Du coup, il est encore un peu tôt pour crier « Vive le Roi ». En revanche, il n’est assurément pas trop tôt pour s’y préparer. Et justement, cette couronne qui sera bientôt vacante, vous l’imaginez parfaitement ceindre votre tête. Cela dit, vous n’êtes certainement pas le seul Duc du Royaume à nourrir de telles ambitions et si vous voulez que la population se rallie à vos aspirations royales, il faudra leur démontrer que vous avez l’étoffe d’un vrai Monarque. Convaincre quelques nobles de se réunir sous votre banneret, pourfendre les monstres qui infestent le Royaume et étendre vos terres pourraient certainement appuyer votre cause. Voilà une to-do list pour le moins ambitieuse, à l’image de la personne que vous êtes…
Dans la famille Valeria, je demande le papa
Dans Valeria : Le Royaume, les joueurs vont donc incarner des Ducs convoitant avidement le trône. Au début du jeu, chacun d’eux reçoit deux cartes Duc et en sélectionne secrètement une pour la partie. Celle-ci aura toute son importance car elle indiquera au joueur grâce à quel type de cartes il gagnera des points de victoire supplémentaires en fin de partie. Ensuite, on installe au centre de la table une brochette de monstres, 10 piles de cartes Citoyen et cinq domaines à conquérir. La partie peut alors débuter même si au départ, le joueur ne disposera que d’un paysan et d’un chevalier pour conquérir le monde. Mais qu’à cela ne tienne, à cœur vaillant ambitieux, rien d’impossible !
Toute la partie de Valeria : le Royaume consiste en une succession de lancers de dés, d’activations et d’achats de cartes. Concrètement, parmi les citoyens qui composent votre armée, chacun est muni d’un chiffre qui lui permettra d’être activé (et donc de rapporter des points de magie, d’or ou de force) si son numéro sort sur l’un des deux dés ou est la somme de ceux-ci. Et avec cet or, cette force ou cette magie, eh bien on recrute de nouveaux citoyens (et donc on augmente ses chances d’obtenir des lancers de dés favorables), on combat des monstres ou on annexe des domaines. Si les citoyens vous permettront de glaner plus d’or, de force ou de magie, les monstres et les domaines vous rapporteront des points de victoire (en plus d’un pouvoir particulier pour ces derniers). Simple et efficace, non ?
Dé qui roule n’amasse pas mousse (mais amasse de l’or)
Oui, simple et efficace. Très efficace même. Valeria : Le Royaume fait partie de ces (trop rares) jeux mêlant habilement hasard et stratégie. Certes, si les dés choisissent de ne pas rouler pour vous, votre plan (machiavélique) risque d’en pâtir mais cet écueil est contrebalancé par la ressource compensatoire offerte au joueur qui n’aurait pu activer aucun de ses citoyens lors d’un lancer de dés. Dans le même ordre d’idée, quel que soit le joueur actif, son lancer va activer les citoyens de tous les joueurs même si les siens seront activés plus favorablement. Il faut reconnaître que c’est bien pensé et c’est d’ailleurs là une des grandes forces du jeu, tout y a été bien pensé.
Déjà, les règles sont accessibles et pour peu que les cartes aient été bien rangées lors de leur dernière sortie, la mise en place ne prendra pas plus de quelques minutes. Ensuite, tout est question d’équilibre et de subtilité. Dois-je engager un maximum de citoyens pour être sûr que chaque lancer me fasse engranger des ressources ? Dois-je pourfendre le menu fretin horrifique avant que des monstres autrement plus costauds ne surgissent dans le Royaume ? Et ce domaine ? Il est certes coûteux mais le pouvoir qu’il offre est à la hauteur de l’investissement…
Bref, dans Valeria : Le Royaume, il faudra savoir provoquer sa chance mais aussi être attentif aux actions des autres joueurs car tenter de deviner le Duc qui se cache dans leur main, c’est aussi s’offrir la possibilité de leur couper l’herbe (pourtant bien verte) sous le pied. Et pour ne rien gâcher, le jeu cache encore deux atouts de poids dans sa manche. Le premier est son conteste sa direction artistique puisqu’il a été illustré par le talentueux Mihajlo Dimitrievski (dit The Mico pour les intimes), ce qui lui confère une patte graphique absolument superbe. Et le second est son énorme rejouabilité. A chaque partie, vous aurez en effet la possibilité d’installer de nouveaux monstres, de remplacer les citoyens disponibles (le boucher par un mineur, l’archère par un magicien, l’alchimiste par un mercenaire, …) et ça, sans compter la belle variété de Ducs et de domaines disponibles…
Des recoins de Sombreval au Royaume de Feu et de Glace
Vous en voulez plus ? Ça tombe bien, Lucky Duck Games propose plusieurs extensions pour Valeria : Le Royaume dont notamment Sombreval et Le Royaume de Feu et de Glace, chacune proposant des événements inattendus en plus de son lot de nouveaux Ducs, citoyens, monstres et domaines.
Dans la première, les ténèbres se répandent sur Valeria et en leur cœur se cachent de redoutables ennemis allant des vampires aux géants morts-vivants en passant par les sorcières spectrales. Pour vous aider à renvoyer ces hordes dans les enfers dont elles semblent issues, de nouveaux citoyens affluent dans le Royaume et viennent vous prêter main forte.
Dans la seconde, ce sont les créatures venues des pics enneigés comme celles issues de la chaleur infernale du désert qui vont déferler sur le Royaume. Mais là encore, pour contrer les Momies des Sables, les Dogues Ardents ou encore les Ogres de Givre, vous pourrez compter sur l’appui de nouveaux citoyens comme des invocateurs, des ensorceleurs ou autres barbares.
En conclusion
Vous l’aurez compris, Valeria : Le Royaume nous a beaucoup séduits. Très accessible, il n’en demande pas moins de peser chacune de ses actions et offre ce petit frisson d’appréhension que seul un lancer de dés (que l’on espère toujours favorable) est capable de provoquer. Il dispose d’une très belle rejouabilité (surtout si on lui ajoute ses extensions) et est doté d’illustrations collant à la perfection avec son thème. Pour nous, c’est un incontournable.
Valeria : Le Royaume, un jeu de Isaias Vallejo, illustré par Mihajlo Dimitrievski (The Mico) et édité par Lucky Duck Games.
Nombre de joueurs : 1 à 5
Âge : dès 10 ans
Durée moyenne d’une partie : 45 minutes