Au début il y avait les dinosaures… Et puis Pokémon est apparu. La licence des petits monstres de poche s’est rapidement transformée en un tsunami inarrêtable, posant purement et simplement les bases d’un genre encore entièrement dominé de nos jours par Pikachu et ses potes : la capture et la collecte de créatures plus ou moins mignonnes dans l’objectif de coller des baffes à d’autres créatures pour les capturer à leur tour et devenir, en toute simplicité, le plus grand de tous les dresseurs de monstres.
Mais le succès florissant de Pokémon donne des idées à bon nombre d’éditeurs et de studios de développement, dont un en particulier fait appel à l’un des mangakas les plus célèbres de sa génération, Akira Toriyama (RIP) pour définir le style graphique des épisodes de sa licence. Dotée d’une réputation sans pareil dans l’archipel du soleil levant, Dragon Quest fait partie, au même titre que Monster Hunter, de cette série de classiques intemporels dont la réputation ne s’étendra en occident que tardivement
Mais qu’importe, pour Chunsoft et Square Enix (à l’époque juste Enix), le filon des petits monstres de poche est encore chaud, il faut donc mettre la main à la patte. En 1998, le premier opus de la série spin-off Dragon Quest Monsters est officiellement lancé.
Le jeu propose aux joueurs de remettre les pieds dans l’univers bien connu de Dragon Quest, une série de JRPG se distinguant notamment par son style graphique unique et ses mécaniques de jeu au tour par tout, en incarnant cette fois ci non plus une troupe de guerriers en tout genre mais bien un dresseur de monstre, capables de soumettre les créatures les plus populaires de la série à sa volonté pour le protéger et affronter leurs comparses monstrueux.
Le succès au japon est immédiat avec un total de 2,35 millions de copies écoulées dont plus de la moitié sur la seule année de sortie du jeu, plaçant ce dernier dans le top 5 des meilleures ventes de jeu de l’année 1998. Peaufinant son concept et tirant partie du capital sympathie de la série dans son pays natal, Dragon Quest Monster enchaine les titres pour s’imposer comme une des coqueluches du genre au Japon, bien loin derrière le titan Pokémon, certes, mais avec une base de fans actives et solides.
Depuis quelques années cependant, les licences japonaises cherchent à étendre leur audience. Des acteurs exclusifs de certaines consoles ouvrent la distribution de leurs produits à d’autres plateformes, à l’image de la saga Monster Hunter avec son opus multijoueur à succès : Monster Hunter World.
De fait, et pour la première fois dans l’histoire de la saga, Dragon Quest Monster : Le Prince des Ombres, est disponible sur Steam, pour le plaisir des non-possesseurs de switch. Si les performances graphiques du jeu s’en ressentent, le jeu ayant été clairement conçu pour tourner tranquillement sur la console portable de Nintendo, ce dernier aura au moins le mérite de proposer une expérience sans ralentissements et avec un framerate impeccable, contrairement à son comparse sur console où les bugs étaient fréquents.
Vous incarnez donc un des nombreux héros sans nom propres à l’univers de Dragon Quest. Issu de l’amour du roi des démons et d’une humaine, votre vie bascule lorsque votre mère bien aimée décède et que votre quête de vengeance vous mène à défier votre bien aimé paternel. Pour vous punir de cet affront, papa démon vous privera de vos pouvoirs, vous obligeant à embrasser la carrière de dresseur de monstres pour espérer avoir une chance de le vaincre.
Comme tout bon JRPG qui se base sur son système de jeu, DQM : Le Prince des Ombres ne brille pas nécessairement par la subtilité de son récit. Rendons toutefois à Enix ce qui lui appartient, la qualité de jeu est au rendez vous des amateurs de petits monstres.
Avec un roster de plus de 500 monstres à collectionner et à fusionner entre eux, le titre risque de vous occuper un peu de temps si vous êtes du genre à céder à la collectionnite. Votre chasse aux monstres vous entrainera ainsi à travers les terres humaines mais également dans le monde des ténèbres, terre natale de nombreux monstres, afin de compléter votre collection.
Petite nouveauté de cet opus, les quatre saisons et le climat affecteront drastiquement le type de monstres que vous pourrez rencontrer dans chaque région, une roue en haut de l’écran vous indiquant le temps restant avant qu’une nouvelle saison ne modifie la structure du terrain et les créatures que vous pourrez y rencontrer.
Au sein de chaque région se trouve par ailleurs un monstre boss que vous devrez vaincre pour améliorer votre taux de capture des créatures que vous croiserez, une condition qui, si elle ne bloque pas non plus le recrutement, reste toutefois sacrément limitante, d’autant plus qu’un monstre que vous possédez déjà sera encore plus difficile à capturer.
Pour augmenter vos taux de recrutement, il vous sera également possible de participer et de remporter des tournois, au cours desquels vous affronterez d’autres dresseurs de monstres. Au cours de ces affrontements, il vous sera toutefois impossible de donner précisément vos ordres à vos créatures, vous obligeant à utiliser les tactiques de combat pour définir leur comportement à chaque tour.
Cette difficulté à recruter les monstres sauvages risque d’impacter le système cœur du jeu, la fusion de monstres. Présente depuis le début de la série, cette mécanique vous permet d’utiliser deux créatures que vous posséder et de les fusionner pour en créer une troisième, le nouveau monstre héritant notamment d’une partie des compétences des deux parents.
A vous les joies de créer un bonhomme de neige sanguinaire capable d’utiliser la glace comme le feu par exemple. Les combinaisons sont nombreuses et certaines seront même obligatoires si vous souhaitez obtenir un monstre spécifique. Petite nouveauté de cet opus, la possibilité d’utiliser un système de fusion inversée, le jeu vous offrant la possibilité de voir les recettes de fusion à utiliser pour créer un monstre recherché. A noter toutefois que comme bon nombre de ses prédécesseurs, DQM : Le Prince des Ombres manque cruellement d’indications sur la marche à suivre pour obtenir certaines compétences spécifiques (la fusion leur permettant d’évoluer), un classique intemporel de la série auquel les développeurs semblent avoir voulu s’atteler avec la fusion inversée, sans pour autant éliminer définitivement le problème.
Ce manque d’indications ne vous gênera pas le temps de finir l’histoire mais risque de devenir plus compliqué à gérer au cours du post game, si vous décidez de débloquer tous les monstres par exemple.
S’il ne se différencie pas tant que ça dans ses mécaniques du reste de la série, c’est parce que Le Prince des Ombres se repose sur des bases solides, perfectionnées depuis le lancement de la saga par un studio maitrisant tout son art. Pour les amateurs de la saga et du genre de la capture de monstre, le titre reste donc un petit bonbon de plaisir à consommer sans modération. D’autant que la quasi-intégralité des cinématiques sont doublées, une petite première pour la saga.
Disponible depuis le 1er décembre 2023 sur Switch, Dragon Quest Monsters : Le Prince des Ombres a intégré les catalogues Android, iOS et Windows depuis le 11 septembre 2024.