Petit jeu indépendant tentant de se frayer un chemin dans la multitude de rogue like ayant vu le jour ces dernières années, Rogue Waters enrobe son contenu, qui associe une progression à la Slay the Spire à des combats tactiques au tour par tour, dans le doux parfum des embruns et du rhum bon marché propre à l’univers de la piraterie et des flibustiers.
Edité par Tripwire Interactive et développé par le studio polonais Ice Code Games, la formule simple et efficace de Rogue Waters vous propose d’incarner Cutter, un malfrat des mers cruel et vicieux ayant rejoint l’équipage du capitaine Blackbone en quête de gloire et surtout de l’Œil de la Déesse des Mers, un joyau dont le capitaine Blackbone suit la piste depuis des années.
Notre histoire commence alors que la quête de Blackbone et Cutter touche à son terme : le tutoriel vous opposant à quelques navires de la marine avant que l’équipage ne pose enfin le pied sur l’île où repose le joyau. Tout ne se déroule évidemment pas comme prévu et voilà que Cutter se retrouve à la tête d’un équipage de pirates quasi immortels, avec pour unique but de retrouver et se venger du capitaine Blackbone.
En ces eaux mal fréquentées, point de monde ouvert à parcourir ou de grande mappemonde à visiter. Tout se passe depuis le hub central du jeu, une grotte marine dans laquelle Cutter et ses pirates ont établis leur repaire et depuis laquelle vos malfrats pourront lancer leurs raids. Vous pourrez y recruter de nouveaux « Spécialistes » pour vous accompagner dans votre quête, faire progresser l’arbre des talents de votre équipage grâce au Verre, une mystérieuse matière alchimique apparue à la suite de la découverte de l’Œil, ou encore améliorer votre navire en y installant de nouveaux modules et canons.
Chacune de ces options propose de véritables avantages stratégiques pour vos futures runs. En effet, votre équipage n’est initialement composé que de Cutter et de 3 marins ordinaires. Si Cutter dispose de son propre niveau et de compétences qui évolueront au fur et à mesure des batailles, les marins ne sont que de simples pions avec quelques points de vie et une attaque basique, une ressource inépuisable que vous pourrez recharger à chacun de vos passages au repaire.
Pour renforcer votre équipage il vous faudra recruter des Spécialistes parmi les quatre classes que vous propose l’auberge : la lancière peut attaquer à distance, le cuistot frappe très fort mais ne repousse pas ses adversaires lors de ses attaques, le lutteur inflige peu de dégâts mais propulse les ennemis sur plusieurs cases et l’assassin empoisonne ou affaiblit ses adversaires, ne subit pas de dégâts lorsqu’une unité est repoussée sur sa case voire inflige plus de dégâts aux ennemis qui la percutent.
Si le nombre de classes est assez limité et pourrait éventuellement être augmenté à l’occasion de futures mises à jour, chaque Spécialiste disposera en réalité de trois arbres de compétences indépendants les uns des autres. Le premier est propre à chaque classe et sera le même pour tous les membres de cette spécialité. Les deux autres par contre, sont sélectionnés aléatoirement entre plusieurs options. Ainsi vous aurez la possibilité de recruter une lancière capable de projet son arme tel un javelot ou une autre dont les attaques repoussent les ennemis plus loin.
Au même titre que pour les classes disponibles on aurait apprécié un peu de variété dans les compétences disponibles car on identifie assez rapidement quels combos de compétences sont les plus « méta » pour chaque classe, même si cette option fournit un peu de diversité dans vos choix de recrutement et la constitution de votre équipage de combat. On rappellera toutefois que Rogue Waters est encore un jeu en phase bêta et que la mise à jour du 27 novembre y a intégré un nouvel arbre de compétence, augmentant encore la diversité des options accessibles.
Deuxième point d’attention, votre navire. Car les combats de Rogue Waters ne se déroulent pas uniquement sous la forme d’affrontements entre deux équipages. Avant que vos brigands des mers ne puissent mettre le pied sur le pont ennemi vient la phase d’abordage où les deux vaisseaux échangent des tirs de boulets de canon.
Vous aurez ainsi la possibilité de customiser votre bateau en y équipant de nouveaux canons et des modules procurant des bonus (+1 en mouvement pour chaque marin, plus de points de vie/d’armure/de dégâts pour un type particulier d’unité, etc.). Toutefois, chacun de vos canons, de vos modules ou de vos membres d’équipage pourra être pris pour cible par les canons adverses, influençant grandement le résultat potentiel de l’affrontement entre équipages. Il vous sera en effet plus compliqué de vaincre un équipage avec la moitié de vos hommes blessés, ou sans avoir pris le temps de détruire les modules les plus puissants de l’équipage adverse. Les phases d’abordage ne durant que trois tours, il vous faudra soigneusement penser chaque tir de vos canons.
Certains canons n’infligent en effet des dégâts qu’aux modules, d’autres aux canons ennemis, d’autres encore aux membres d’équipages et certains infligent moins de dégâts mais sont capables d’attaquer n’importe quelle cible tandis que les armes les plus puissantes ne seront disponibles qu’au dernier round, le temps de les recharger.
Si votre vaisseau ne débute qu’avec quelques canons et modules basiques, il vous sera possible d’en trouver de nouveaux au cours de chaque run. Il vous faudra toutefois garder à l’esprit que les canons trouvés au cours de votre aventure seront convertis en monnaie à la fin de la run, une fois le boss vaincu ou votre équipage décimé et relevé d’entre les morts au hub central.
Pour bénéficier d’améliorations notables sur le long terme, il vous faudra dépenser le Verre, l’Or et les Plans ainsi récoltés pour améliorer votre vaisseau, votre équipage, votre capitaine ou vos compétences spéciales. Que vous soyez vainqueur ou vaincu, vous aurez toujours un petit quelque chose à ramener à votre base pour pouvoir repartir de plus belle, en laissant les marins blessés se reposer.
Une fois le navire ennemi abordé, le vrai combat au tour par tour commence, au moment où votre équipage débarque sur le pont ennemi. Le point qui démarque un peu Rogue Waters de ses concurrents est la possibilité de repousser les adversaires à chaque attaque. Outre votre bourrin de Cuisinier, la quasi totalité des unités du jeu repoussent leur adversaire d’une case par attaque. Si une unité percute un mur ou une autre unité, vous infligerez plus de dégâts à celle ci. Le positionnement sur un espace aussi restreint que le pont d’un navire ou la terrasse d’une forteresse navale oblige alors à la réflexion pour pouvoir tirer au maximum avantage des compétences de vos unités.
Sur le papier, Rogue Waters offre ainsi une certaine liberté couplée à une rejouabilité intéressante. L’ajout de petits plus comme la possibilité de découvrir et d’invoquer des monstres marins comme le Kraken pour infliger de terribles dégâts ajoute un peu de piment aux affrontements. La narration intrigante vous entraine à travers un périple aquatique au sein d’un monde de forbans et de magie mystérieuse.
Et pourtant, il manque encore à Rogue Waters ce petit quelque chose ayant fait la marque des plus grands rogue like sur le marché. Peut-être cela tient il à l’ajout de nouvelles options pour les classes, ou à l’ajout de nouveaux Spécialistes. En réalité, il est possible que la magie de Rogue Waters se disperse une fois que l’on a identifié les meilleurs combos permettant de rouler littéralement sur le jeu. Ce qui ne vous empêchera pas de passer quelques heures intéressantes sur le sujet, le temps de les découvrir.
Disponible depuis le 30 septembre sur toutes les plateformes, Rogue Waters reste un titre tout à fait intéressant dont il conviendra de surveiller l’évolution jusqu’à la sortie finale.